Dossier santé psychologique au travail

Connaître pour prévenir la détresse psychologique

La santé psychologique est encore un sujet tabou. Pourtant personne n’est à l’abri de vivre un jour de la détresse psychologique qui conduira à la dépression. Qui ne connaît pas un parent, un ou une collègue qui s’est effondré devant des difficultés vécues à la maison ou au travail. Vous pensez être fort et forte, vous pensez pouvoir passer à travers toutes les épreuves et vous pensez être capable de toujours en faire plus? Un jour ou l’autre, on vit des moments de déprime, parfois on surpasse ce moment, d’autres fois on succombe. Le travail devient alors un fardeau, surtout si l’organisation du travail vous met à l’épreuve.

Nous sommes convaincus que la récente période de compression à l’UQAM a eu un impact sur la santé psychologique des membres. Malheureusement, l’UQAM ne nous offre aucune donnée qui nous permettrait de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse syndicale. C’est pourquoi le Conseil provincial du secteur universitaire de la FTQ (CPSU), dont est membre le SEUQAM, a commandé une étude économique auprès de l’Institut de recherche et d’informations socio économiques (IRIS) concernant l’impact des compressions sur le personnel de soutien des universités québécoises. Aussi, le CPSU lancera un grand sondage au cours du mois de janvier dans tous les syndicats membres pour connaître l’évolution de l’état de santé psychologique de nos membres. Que vous soyez en pleine santé ou dans un état précaire, il est important qu’un maximum de membres participe à ce sondage. Soyez à l’affut de nos courriels.

La détresse psychologique au travail et les risques psychosociaux

Quand on parle de santé et sécurité au travail, en général on parle des risques d’accident. Mais de plus en plus, la santé psychologique devient un enjeu important sur lequel travaillent les comités syndicaux en santé et sécurité. Dans le cas de la santé mentale, on parle de risques psychosociaux au même titre que les risques d’accidents. Plusieurs diront que la détresse psychologique ne peut pas être liée seulement au travail. C’est vrai, car l’environnement social et les caractéristiques individuelles sont deux autres composantes de cette détresse. Le travail, cependant, peut être un facteur aggravant ou même déclencheur de la dépression.

Voici les risques psychosociaux reliés au travail : charge de travail élevé; faible reconnaissance des efforts et des résultats; peu d’autonomie et d’influence dans le travail; faible soutien des collègues ou du supérieur; et relations difficiles entre collègues ou avec le supérieur. Quand tous ces éléments sont vécus au travail, que l’environnement social de la personne est à risque (difficulté familiale, financière…) et que ses caractéristiques individuelles (anxiété chronique, historique problématique, etc.) s’ajoutent à ces difficultés, nous avons un contexte qui prédispose une personne à une détresse psychologique. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait une conjonction de tous ses facteurs de risques pour conduire à la dépression. Le travail occupe une partie importante de notre vie et l’employeur a des obligations, nous devons y voir.

La détresse psychologique et la Loi sur la santé et sécurité au travail (LSST)

La LSST ne contient aucun article qui mentionne précisément la santé mentale. Les syndicats comptent donc sur la jurisprudence pour faire reconnaître la protection de la santé mentale des travailleurs et travailleuses comme objectifs à la Loi au même titre que la santé et la sécurité physique. Une jurisprudence est une décision d’un juge d’une instance judiciaire qui a pour effet d’interpréter la loi et devient source de droit, pratiquement comme une loi.

Ainsi, certains cas de jurisprudence ont interprété la LSST et reconnu que la protection de la santé mentale était l’un de ses objectifs. L’une des décisions de juge (Chagnon et Bel-Air inc.) reconnaît d’ailleurs le droit de refus de travailler pour protéger sa santé mentale et que le processus préventif s’applique aussi à une lésion psychique. Une autre décision de juge (Denis Gagné et STCUM) lie l’article 9 de la LSST au droit du travailleur à des conditions de travail qui respectent sa santé mentale et par le biais de l’article 51 lie les obligations de l’employeur à assurer des conditions de travail qui protègent la santé mentale des employées et employés.

En conséquence, l’employeur a des obligations pour assurer une bonne santé mentale de ses employés en appliquant une organisation et des méthodes de travail sécuritaire, en proposant des méthodes pour identifier, éliminer et contrôler les risques liés à la détresse psychologique au travail et finalement, il doit collaborer avec le comité de santé et sécurité sur les enjeux de la santé mentale (art. 51, 3, 5, 14). En tant que travailleur, vous avez le droit à des conditions de travail saines et à un droit de refus si le travail est considéré à risque pour votre santé psychologique (art. 9 et 12). Mais vous avez aussi des obligations, soit de participer à l’identification des risques et de contribuer à leur élimination et enfin de collaborer avec le Comité santé et sécurité (art. 49, 5, 6).

La prévention en santé mentale, une affaire syndicale

Via le comité paritaire Santé et sécurité au travail, l’employeur doit collaborer avec le syndicat (art. 51, 14 LSST) dans le cadre d’une démarche préventive en santé mentale. Pour ce faire, l’employeur doit «fournir tous les renseignements nécessaires». La première étape consiste à identifier et prioriser les risques psychosociaux. Dans certains cas, nous avons accès à des outils tels que la politique sur le harcèlement. Mais dans d’autres cas, l’UQAM offre une faible collaboration. Nous n’avons aucune donnée quant à l’absentéisme au travail, les maladies, le taux de roulement, etc. Nous avons des données sur les changements récents de l’organisation à l’UQAM, mais que de façon macro. Nous ne pourrions pas évaluer l’impact du changement organisationnel d’une unité sur l’absentéisme et les maladies de cette unité. Malgré des demandes répétées, nous n’avons jamais pu obtenir des données chiffrées sur les maladies et l’absentéisme. Nous souhaitons inscrire une telle demande dans la prochaine convention dans le cadre des négociations.


Vous ou quelqu’un de votre entourage vit des difficultés personnelles?

En tout temps, vous pouvez communiquer avec les délégués sociaux du SEUQAM qui sont des volontaires prêts à fournir une aide confidentielle aux membres pour n’importe quel ennui, difficulté ou problème affectant votre vie professionnelle, sociale ou personnelle.

Vous pouvez également contacter la psychologue Marjorie Laberge du Programme d’aide au personnel de l’UQAM.

N’hésitez pas à communiquer avec l’exécutif du SEUQAM au poste 6197.

 


Lors des Grands rendez-vous en Santé et sécurité du travail au Palais des congrès de novembre dernier, trois représentants du Comité Santé, sécurité et mieux-être au travail du SEUQAM ont assisté à des conférences. Le présent numéro spécial de l’Info-nouvelles est fortement inspiré des informations données par la conseillère en prévention Annie Drouin, de l’Association paritaire pour la santé et sécurité du travail. Pour consulter le PowerPoint de la conférence, cliquez ici

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