Nomination de Sylvain Le May

Au comité national des personnes ayant un handicap du SCFP National

“ Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.”

Antoine de Saint-Exupéry

Équité, diversité et inclusion plus que des mots à la mode

Le Bureau exécutif du SEUQAM a recommandé notre collègue professionnel Sylvain Le May pour représenter le Syndicat canadien de la fonction publique du Québec (SCFP-Québec) au sein duComité national des personnes ayant un handicap du SCFP national. Nous sommes heureux que le SCFP ait accepté la candidature de Sylvain car ce dernier est un expert en matière de reconnaissance des droits des personnes en situation de handicap. Bravo à Sylvain qui illustre toutes les compétences et les qualifications qui se retrouvent au sein de notre section locale. Voici son texte qui explique les travaux du comité.

Malgré que les notions d’équité, de diversité et d’inclusion énumérées précédemment soient citées un peu partout, il n’est pas rare de constater qu’elles sont loin d’être acquises tant par les employeurs que par nos institutions publiques.  Il est encore plus paradoxal qu’en période où nous manquons cruellement d’employés, il n’y ait pas davantage le réflexe d’embaucher des personnes handicapées ; c’est un illogisme en soi. S’il est vrai que l’UQAM reçoit un nombre important d’étudiant-e-s en situation de handicap (près de 3000), il serait faux de croire que cela est unique à notre institution car l’Association québécoise inter-universitaire des conseillers aux étudiants en situation de handicap (AQISESH)[1] recense, dans l’ensemble du réseau universitaire québécois, près de 17 000 étudiant-e-s issus de ce groupe.  Si embaucher une personne handicapée peut sembler représenter, à la source, un défi pour les employeurs, toutefois, il serait faux de croire qu’il est majeur. Je peux affirmer, sans l’ombre d’un doute, fort de mon expérience tant personnelle (je suis une personne handicapée) que professionnelle (depuis 15 ans j’accompagne des étudiantes et des étudiants en situation de handicap) la richesse et l’expertise que ces personnes possèdent.  Mais pour cela, nous devons voir en premier les capacités et non l’inverse. Malheureusement, cette rencontre est trop rare, car nous mettons trop souvent l’accent sur la différence telles les apparences physiques, défis d’élocution, sens réduits ou absents, que semblent révéler les personnes.  Cela est également confirmé dans le dernier Rapport : Obstacles au cheminement de carrière : difficultés vécues par les personnes handicapées sur le marché du travail[1] : « les personnes handicapées continuent pourtant de se heurter à des obstacles et à la stigmatisation quand elles cherchent un emploi, demandent des mesures d’adaptation en milieu de travail et tentent de réussir leur carrière.»

Ce rapport est le troisième et dernier d’une série de rapports que la Commission canadienne des droits de la personne a publiée sur l’application au Canada de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (la Convention).[2]

Afin de surmonter ces obstacles, c’est d’abord la notion d’accueil et de perception qu’il nous faut questionner, car dévoiler une partie de son identité équivaut à laisser transparaître une partie de notre vulnérabilité.  C’est encore plus vrai lorsque la situation de handicap se produit avec l’âge ou suite à une maladie ou un accident. Cet état ne faisait pas partie du plan de vie de la personne qui doit maintenant conjuguer avec celle-ci dans plusieurs aspects importants de sa vie, personnelle et professionnelle.  Afin de favoriser l’échange et la rencontre, l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) a publié plusieurs guides nous permettant de mieux comprendre la réalité des personnes handicapées en vue de mieux les accueillir et les servir selon leur type d’incapacité.[3] La notion de handicap est variable d’un individu à l’autre et les défis qu’elle nécessite est intrinsèquement lié à la personne. Toutefois, comme le souligne l’OPHQ le développement de la société québécoise requiert la contribution de tous les citoyens et citoyennes. Les personnes handicapées n’y font pas exception. Afin d’accroître leur participation sociale, elles doivent notamment avoir accès au même titre que les autres aux documents et aux services offerts au public.  C’est dans cette perspective d’accueil et de partage d’expertise que j’ai accepté, à la demande de l’exécutif du SEUQAM, de participer aux travaux du Comité national des personnes ayant un handicap pour favoriser et défendre les droits de toutes les personnes ayant un handicap du Syndicat canadien de la Fonction publique (SCFP) dont nous sommes membres. Le but est d’améliorer le quotidien au travail et dans les communautés des personnes handicapées. Ce Comité veille aussi à ce que les personnes ayant un handicap puissent participer pleinement aux activités du syndicat. Les membres de ce comité s’impliquent dans les coalitions et les actions politiques afin de tisser des liens et de sensibiliser les gens aux réalités des personnes ayant un handicap.

Un des objectifs tant de ce Comité que de l’OPHQ est de confirmer, à travers les Chartes des droits et libertés tant Canadienne que Québécoise, nos obligations d’adaptations[4] et d’accommodements raisonnables[5]. L’adaptation ou l’accommodement peut donc signifier qu’on aménage une pratique ou une règle générale de fonctionnement ou que l’on accorde une exemption à une personne se trouvant dans une situation de discrimination. Dans ce contexte, une norme en apparence neutre peut devenir discriminatoire dans certains cas. De plus, nos institutions devront également, au regard des programmes d’accès à l’égalité en emploi[6], rencontrer les obligations d’équité et de diversité que collectivement nous nous sommes donnés.  Ces programmes ont pour objectif de contrer la discrimination en emploi et s’adressent aux organismes publics (municipaux, des réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et sociétés d’État), à certaines entreprises privées ainsi qu’à certains organismes gouvernementaux. Ils ont été créés pour que les membres de groupes victimes de discrimination soient représentés équitablement au sein de leur personnel.

Comme le mentionnait Albert Jacquard, l’éducation est semblable à un art ; elle est une création perpétuelle qui progresse en provoquant des rencontres toujours nouvelles.

À nous de provoquer ces rencontres avec ouverture et désir réel de rencontrer l’autre dans toute sa singularité et dans son individualité.

Sylvain Le May


[1] http://aqicesh.ca/docs/AQICESH_stat2017-2018-Sans-univ.pdf

[1] https://www.chrc-ccdp.gc.ca/fra/content/rapport-obstacles-au-cheminement-de-carriere-difficultes-vecues-par-les-personnes

[2] https://www.chrc-ccdp.gc.ca/fra/content/que-sont-les-droits-de-la-personne-0

[3] https://www.ophq.gouv.qc.ca/publications/guides-de-loffice/mieux-accueillir-les-personnes-handicapees.html

[4] https://www.chrc-ccdp.gc.ca/fra/contenu/quest-ce-que-lobligation-dadaptation-et-en-quoi-peut-elle-maider

[5] http://www.cdpdj.qc.ca/Publications/Guide_virtuel_accommodement.pdf

[6] http://www.cdpdj.qc.ca/fr/droits-de-la-personne/responsabilites-employeurs/pae/Pages/default.aspx

1 Commentaire

  1. Le SCFP vient de se doter d’un homme d’une rare intelligence, sensibilité et capacité d’agir. J’ai eu à collaborer avec Sylvain et j’ai été impressionné par son dynamisme et sa volonté d’offrir à chaque étudiante, chaque étudiant, un moyen de réussir son cheminement scolaire.

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