LES UNIVERSITÉS PRATIQUENT L’EXCLUSION

Lors du congrès virtuel du Conseil provincial du secteur universitaire du SCFP Québec (CPSU) du 11 décembre dernier, Carole Neill a renouvelé son mandat de deux ans de présidente. C’est avec fermeté que Carole a dit «Les Universités pratiquent l’exclusion». Elle a fortement dénoncé l’absence de considération de l’ensemble du personnel de soutien par le milieu universitaire et par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Le récent rapport intitulé L’Université québécoise du futur ajoutait l’injure à l’insulte des pratiques universitaires qui maintiennent le personnel de recherche dans la précarité et qui ignore, plus souvent qu’autrement, le rôle de l’ensemble du personnel.

Voici un extrait du rapport de la présidente Carole Neill concernant le mémoire qu’elle a présenté aux auteurs du rapport L’Université québécoise du futur :

«Dans mon court mémoire, j’ai dénoncé avec une certaine virulence, je dois l’avouer, la composition du comité ainsi que l’absence totale de deux sujets extrêmement importants que sont la collégialité et la précarité. On ne peut discuter de l’université québécoise du futur sans s’interroger sur le type de collégialité pratiqué dans les universités, une collégialité basée sur l’exclusion et non l’inclusion. Lorsque les employés de soutien et les professionnels auront le droit de siéger en bonne et due forme aux instances décisionnelles, nous connaîtrons une véritable collégialité. Quant à la précarité, nous représentons de nombreux membres qui vivent de contrats sous octroi, tributaires de la demande de subventions des professeurs. Ce sont des professionnels de recherche, des techniciens, des employés de bureau qui se retrouvent ballotés au gré de l’obtention des subventions. Il y a également les chargés de cours y incluant les chargés d’encadrement dont le système de contrats permet aux universités de se départir de ses obligations en un claquement de doigts. Il s’agit tout simplement d’augmenter la taille des groupes et le tour est joué. Cette injustice perdure depuis trop d’années. Or, le groupe de travail ne s’est même pas donné la peine de justifier un réinvestissement significatif pour les universités québécoises en arguant que cette précarité pour le personnel sous octroi et les chargés de cours constitue une injustice qu’il serait temps de corriger.

Ils ont scandaleusement justifié la nécessité d’un réinvestissement significatif par le recrutement des meilleurs professeurs et des meilleurs étudiants dans un contexte de compétition internationale. Alors posons-nous la question. Dans la mesure où les universités québécoises doivent faire face à la concurrence internationale, n’est-il pas tout aussi essentiel de pouvoir recruter les meilleurs employés de soutien, les meilleurs professionnels, les meilleurs chargés de cours? S’interroger sur l’université québécoise du futur sans traiter de la question de la collégialité et de la précarité est une honte.»

Benoit Bouchard, président du SCFP-Québec est également intervenu au congrès. Il a notamment relevé le travail d’intervention que fait présentement le syndicat auprès du ministère du travail pour inclure le droit à la déconnexion dans la loi sur les normes du travail. Ce changement à la loi ne sera pas facile, car Benoit Bouchard a également mentionné que le Conseil du patronat fait de nombreuses interventions auprès du ministère pour ne pas inclure à la loi le principe du droit à la déconnexion.