Quand la syndicalisation fait peur: le cas Couche-Tard

Couche-Tard semble vouloir adopter la même attitude anti-syndicale que les Wall Mart et McDonald de ce monde!

En effet, après avoir laissé sous-entendre à ses employés qu’une vague de syndicalisation pourrait entraîner une hausse des coûts d’exploitation et la fermeture d’établissements, voici que le PDG de Couche-Tard est passé de la parole à l’action et ceci deux fois plutôt qu’une!

En avril dernier, l’entreprise a fermé un premier dépanneur (situé sur Saint-Denis, coin Beaubien) tout juste après que ses employés aient décidé de se syndiquer. Puis la semaine dernière, les travailleuses et les travailleurs d’un des trois autres Couche-Tard syndiqués ont eu la mauvaise surprise de voir leur succursale fermée sans aucun avertissement. L’employeur leur a donné deux minutes pour ramasser leurs effets personnels et presque immédiatement trois camions sont arrivés pour vider le magasin! Prétexte de cette fermeture: une supposée non-rentabilité. À en juger par l’achalandage de ladite succursale, située au coin des rues Iberville et Jean-Talon juste en face d’une station de métro, on peut sérieusement douter de la véracité de l’argument. Il faut ajouter que ces employés étaient, comme par hasard, en pleine négociation de leur toute première convention collective. Imaginez maintenant l’état d’esprit des employés des deux Couche-Tard qui sont syndiqués et qui sont encore ouverts.

Bien sûr, la syndicalisation peut fait grimper les coûts d’exploitation d’une entreprise, mais la raison d’être d’un syndicat est d’abord et avant tout d’équilibrer le rapport de forces entre l’employeur et ses employés et de voir à ce que leurs droits les plus fondamentaux soient respectés. Un syndicat n’a aucun intérêt à mettre la santé financière d’une entreprise en péril. Mais si la profitabilité de l’entreprise ne repose justement que sur « l’exploitation » d’employés rémunérés au salaire minimum et l’absence totale d’avantages sociaux, on peut se poser des questions non seulement sur la conscience sociale des dirigeants de cette entreprise, mais aussi sur leurs qualités de gestionnaires. À ce sujet, au début septembre, les actionnaires de Couche-Tard réunis en assemblée annuelle ont eu droit au témoignage touchant d’une jeune salariée du dépanneur de Saint-Liboire et future maman, Kassandra Lanteigne. Elle a brièvement décrit ses conditions de travail : salaire de 9, 95 $ l’heure après deux ans et demi, aucune journée de maladie, conditions difficiles en santé et en sécurité.

Une entreprise qui a fait 370 millions $ de profits en 2011 a-t-elle les moyens de mieux traiter ses employés et de vivre avec un syndicat? Poser la question c’est y répondre.

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